Et si plonger dans ce vide qui nous fait si peur nous permettait en réalité de nous trouver nous-même ? Si c’était lui qui contenait notre vérité, nos potentiels cachés ?
Quand le vide s’invite dans nos vies
J’ai connu, comme beaucoup d’entre vous sans doute, ces moments où tout semble détruit. Où rien n’est là pour nous soutenir ou nous raccrocher à la vie. Plus rien à quoi se tenir pour rester debout.
Cette sensation de vide intérieur peut surgir après la perte d’un être cher – humain ou animal. Elle peut aussi nous envahir lors d’une rupture amoureuse qui nous laisse comme amputé d’une partie de nous-même. Parfois, c’est quand on n’a soudainement plus personne à prendre soin – nos enfants sont partis, notre rôle de parent ou d’aidant s’achève – et avec lui, cette identité qui nous définissait disparaît. Le vide s’installe aussi dans ces transitions de vie : un licenciement, un déménagement, une reconversion. Ou simplement ces dimanches soirs où flotte une étrange mélancolie, ce quotidien qui semble creux, sans saveur.
Face à ce vide, notre réflexe est souvent de fuir. De combler à tout prix. De nous accrocher à n’importe quoi plutôt que de ressentir ce vertige intérieur.
Notre peur ancestrale du vide
Dans notre société moderne, le vide est perçu comme un ennemi à combattre. Nous remplissons nos agendas, nos écrans, nos pensées. Nous fuyons le silence, la solitude, ces espaces où nous pourrions nous retrouver face à nous-même. Le vide est associé au néant, à l’absence, au manque. Il fait peur car il nous confronte à notre vulnérabilité, à notre impermanence.
Pourtant, et si nous regardions ce vide avec un œil neuf ? Et si nous osions une autre perspective, inspirée par la science elle-même ?
La révélation du vide quantique
La physique quantique nous offre une vision fascinante : le vide n’est pas vide. Au contraire, ce que nous appelons le « vide quantique » est en réalité un champ bouillonnant d’énergie et de potentialités infinies. Il contient tout ce qui peut advenir, tous les possibles en germe. Dans ce vide apparent se créent et s’annihilent sans cesse des particules virtuelles, dans une danse invisible mais bien réelle.
Le vide quantique n’est pas l’absence – c’est la plénitude même. C’est le terrain fertile de toute création, la matrice de l’univers.
Les pouponnières d’étoiles : quand le vide devient création
Levons maintenant les yeux vers le cosmos. Ces magnifiques nébuleuses que les astronomes appellent « pouponnières d’étoiles » nous offrent une métaphore lumineuse. Dans ces espaces qui peuvent sembler vides, sombres, chaotiques, naissent les étoiles et les planètes. C’est précisément dans ce chaos apparent, dans ce vide cosmique, que se forge la création.
Ces nuages de gaz et de poussière, qui semblent flotter dans le néant, sont en réalité des berceaux où la vie stellaire émerge. Le vide n’est pas stérile – il est le lieu même de toutes les naissances.
Et si notre vide intérieur était créateur ?
Revenons à nous, à ce vide intérieur qui nous habite parfois. Et si nous l’envisagions non plus comme un abîme terrifiant, mais comme un champ de potentialités ? Comme notre propre pouponnière d’étoiles intérieure ?
Dans ma pratique thérapeutique intégrative, j’observe régulièrement cette transformation. Lorsque nous cessons de fuir le vide, lorsque nous acceptons de le contempler avec douceur et curiosité, quelque chose de profond peut émerger. Des parts de nous qui ne demandaient qu’à naître au monde se révèlent. Des aspirations enfouies, des talents oubliés, une vérité intérieure longtemps tue.
Le vide n’est pas ce qui nous détruit – c’est l’espace nécessaire à notre recréation.
Pensez à un verre rempli à ras bord d’un liquide que vous n’aimez plus. Comment y verser quelque chose de nouveau sans d’abord le vider ? Le vide crée l’espace pour l’inédit, pour ce qui veut advenir mais ne peut pas tant que nous restons agrippés à ce qui fut.
L’art de plonger dans le vide
Alors, comment apprivoiser ce vide plutôt que le fuir ? Voici quelques pistes de réflexion issues de l’ACT (Thérapie d’Acceptation et d’Engagement) et de la pleine conscience :
Contemplez-le sans jugement. Observez cette sensation de vide comme vous regarderiez un paysage. Sans chercher à la faire partir, juste en la laissant être là. Qu’est-ce qu’elle a à vous dire ?
Respirez dans le vide. Dans vos moments de méditation ou de sophrologie, au lieu de fuir cette sensation creuse, accueillez-la avec votre souffle. Imaginez que vous respirez de la lumière dans cet espace.
Posez-vous cette question avec douceur : « Si ce vide était en réalité un espace de création, que pourrait-il contenir ? » Laissez venir les réponses sans les forcer, comme on observe les nuages passer dans le ciel.
Faites l’expérience de plonger. Si vous vous sentez en sécurité et que vous avez cette intime conviction que ce vide est créateur et non destructeur, osez plonger dedans. Explorez-le consciemment. Que découvrez-vous au fond ? Quelles parties de vous attendent d’être reconnues ?
Un accompagnement bienveillant
Cette exploration demande du courage et peut être inconfortable. Si vous sentez que plonger seul dans ce vide est trop vertigineux, n’hésitez pas à vous faire accompagner. Un thérapeute peut être ce fil d’Ariane qui vous permet d’explorer vos profondeurs en toute sécurité, tout en sachant que vous pouvez toujours remonter.
Le vide comme promesse
Je vous invite à considérer votre vide intérieur non plus comme un ennemi, mais comme un allié mystérieux. Comme ce champ quantique plein de possibles, comme ces nébuleuses où naissent les étoiles, votre vide pourrait bien être le creuset de votre renaissance.
La prochaine fois que vous ressentez ce vide – après une perte, dans une transition, ou simplement dans le silence d’un dimanche – accueillez-le différemment. Contemplez-le. Respirez avec lui. Demandez-vous : « Qu’est-ce qui veut naître en moi ? »
Car peut-être que ce vide que nous redoutons tant n’est pas la fin de quelque chose, mais l’espace sacré où tout peut recommencer. Peut-être est-ce là, dans ce lieu apparemment vide, que se cache votre vérité la plus profonde, vos potentiels les plus lumineux, attendant simplement que vous leur fassiez de la place.
Et si le vide n’était pas vide, mais plein de vous ?
Claire Azorin, kinésiologue et psychopraticienne
Spécialisée en ACT, pleine conscience, sophrologie et intelligence émotionnelle
